2ème Dimanche de Carême

Bien-aimés du Seigneur, aujourd’hui encore, face aux occupations de la vie actuelle qui produisent beaucoup de stress, et font souvent perdre la sérénité, beaucoup se demandent comme le psalmiste : « Qui nous fera voir le bonheur ? » (Ps4, 7). Et même si, dans notre société actuelle, on travaille beaucoup pour une bonne qualité de vie et on lutte aussi pour améliorer le bien-être et la sécurité, le constat montre qu’il y a toujours une inquiétude générale et grandissante. Nous sommes facilement agités et anxieux ; toujours en quête de sécurité et de confiance. Nous voudrions avoir l’esprit en paix. Eh bien ! Qui nous fera alors voir ce bonheur véritable ? Peux-t-on le trouver dans un monde troublé ? Dieu, prend-t-il encore réellement soin de ses enfants pour qu’ils soient si désespérés ?

Et c’est à partir de ces observations, que j’aborde avec vous l’un des thèmes de notre synode : comment ai-je goûté que Dieu prends soin de nous (de moi) ? Qu’est-ce qui m’a (nous) évangélisé ?

Pour répondre à ces questions, plusieurs pistes de réflexions ont déjà été proposées telles :

Comment ai-je expérimenté dans ma vie que Dieu prend soin de moi ? Comment ai-je gouté l’Evangile, ce qui est bon et nouveau de la part de Dieu pour les hommes ?

Quels sont les évènements, les rencontres, les communautés qui ont fait de moi le Chrétien ou l’être que je suis ?

Qu’est-ce qui me soutient, me nourrit (personnellement / avec d’autres) sur mon chemin de vie et de foi ?

Qu’est-ce qui m’éprouve ? me laisse sur ma faim ?

Ces pistes à mon humble avis, sont bien assez suffisantes pour nous permettre de nous mettre en route et de faire chacun à son niveau, sa part. Ainsi, loin de vouloir répondre à toutes ces questions ici, je voudrais plutôt par ces quelques mots, exhorter et encourager à toujours garder confiance en Dieu. Et aussi, donner à chacun l’opportunité de prolonger la réflexion à son niveau. « Tu es là au cœur de nos vies et c’est Toi qui nous faits vivre…Tu es là bien vivant ô Jésus-Christ » aimons–nous si souvent chanter. C’est une vérité. Christ qui nous témoigne que l’amour de Dieu est là, il est bien là ; mais comment le découvrir et faire l’expérience de sa présence ? Voilà encore la grande interrogation.

Revenant alors sur les questions susmentionnées du document de travail du synode, j’aimerais que nous revivions l’expérience des pèlerins d’Emmaüs (Lc 24,13-35). En effet ces derniers, au cœur de leur doute, inquiétude et désespoir, vont se rendre compte à la nuit tombante que Jésus était bien là à côté d’eux pour leur révéler, comme pas à pas, en lumières successives, éclairant progressivement la route, toute une diversité de présences effectives. En lieu et place du « grand absent » que pensent les hommes, IL va plutôt se révéler (Lui, le Dieu-avec-nous), comme le vrai compagnon, l’ami fidèle et tendre qui explique les Ecritures et se fait reconnaître à la fraction du pain.

Tout ceci, m’amène à dire que seul Jésus-Christ, donne le véritable bonheur. Lui seul, apporte la réponse efficace à toutes les inquiétudes : “Venez à moi, vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés, et moi je vous donnerai du repos” disait-il (Mt 11. 28). En son Nom, nous avons la guérison et la vie (Cf. Ac3, 1-16). Venir alors à Lui, et goûter de sa présence dans nos vies, c’est recevoir cette invitation de Dieu pour soi-même ; c’est aussi croire que Dieu est puissant pour nous délivrer du vide, des interrogations et des tourments de l’âme. Le laisser prendre les commandes de nos vies, voilà le véritable antidote à l’inquiétude.

Que devons-nous alors faire pour goûter toujours de cette présence vivifiante de Dieu ?

D’abord, je propose qu’il nous faut savoir lire les signes des temps et ne jamais rester ni indifférents à tout appel venant de Lui ; ni insensibles aux événements que nous traversons et dont nous devons beaucoup apprendre.

Ensuite, il nous faut apprendre à rendre grâce en toutes circonstances ne serait-ce que pour le don de la vie. Apprendre aussi à se montrer sensible à la misère des autres. Alors, nous découvrirons vite que Quelqu’un est là, au milieu de nous, avec nous et en nous.

Enfin, la présence vivante de Dieu dans nos vies se révèlera véritablement lorsque nous apprendrons à nous ouvrir à l’intelligence des Écritures et à vivre une réelle vie sacramentelle baignée dans la foi, l’espérance et la charité.

Méditons les Écritures, au jour le jour, et la présence vivante de Dieu nous restera sensible, tous les jours ! Car, la Parole de Dieu transfigure toujours l’existence de l’homme. Et, n’oublions pas aussi ce que He 13, 7-8 nous enseigne : « Souvenez-vous de ceux qui vous ont dirigés : ils vous ont annoncé la parole de Dieu. Méditez sur l’aboutissement de la vie qu’ils ont menée, et imitez leur foi. Jésus Christ, hier et aujourd’hui, est le même, il l’est pour l’éternité ». Ce faisant, la foi d’elle-même viendra alors illuminer les yeux de notre cœur pour nous faire voir quelle espérance nous ouvre son appel, quels trésors de gloire renferme son héritage parmi les saints et quelle extraordinaire grandeur sa puissance revêt pour nous les croyants, selon la vigueur de sa force qu’il a déployée en la personne du Christ, le ressuscitant d’entre les morts (Ep 1,18-20)

Déchargez-vous sur lui de tous vos soucis, car lui-même prend soin de vous. (1P5, 7)

P. René Tchalagassou