Il enseignait en homme qui a autorité
L’autorité (en grec ex-ousia, ex-estin : il est permis de, libre de) indique la maîtrise de la puissance possédée ou reçue, qu’elle soit juridique, politique, sociale ou universelle.
La puissance (en grec dynamis) ajoute à l’autorité l’idée d’une force prête à s’exercer, d’une réserve de vie prête à jaillir. Pour nous chrétiens, toute autorité vient de Dieu, unique détenteur de tout pouvoir et de toute puissance. C’est lui qui fixe « les temps et les moments, de sa seule autorité » (Ac 1, 7) : il est le maître de l’histoire humaine (cf. Mt 24, 36) et les Juifs l’ont bien compris en rattachant l’histoire de leur peuple à celle de Dieu : « Vous serez mon peuple et je serai votre Dieu » (Ez 36, 28).
Cette autorité revêtue de puissance, Dieu la donne en plénitude à Jésus qui la reçoit, dans le contexte même de sa mission auprès des hommes, manifestant dans sa vie terrestre, la divinité de sa personne et la vérité de son message. Il l’incarnera avec assurance et dignité, il la manifestera avec miséricorde lors de ses miracles et guérisons. « Qui est-il donc, celui-là qui commande même aux vents et aux flots, et ils lui obéissent ? » (Lc 8, 25), « il commande même aux esprits impurs et ils lui obéissent » (Mc 1,27). L’autorité de Jésus se déploie dans ses actes et dans ses enseignements.
Dans l’évangile de ce dimanche, la reconnaissance de cette autorité est clairement révélée : « Jésus enseignait en homme qui a autorité et non pas comme les scribes » qui eux, par hypocrisie et légalisme, demeuraient au sens restreint et réducteur de « il n’est pas permis de… ». Pour Jésus, son autorité, c’est de mettre l’homme debout, comme disait saint Irénée de Lyon : la gloire de Dieu c’est l’homme vivant. Aussi, Jésus dira-t-il un jour : « C’est la miséricorde que je veux, et non le sacrifice (...) ».
L’autorité de Jésus, loin d’être à la manière des hommes, c’est d’abord et avant tout la manifestation de la compassion et de la miséricorde Dieu. Cette autorité, humblement vécue, Jésus l’avait définie à la mère et aux fils de Zébédée en disant : « les grands (...) font sentir leur pouvoir. Il ne doit pas en être ainsi parmi vous ; au contraire, celui qui voudra devenir grand parmi vous se fera votre serviteur » (Mt 20, 25-28).
C’est comme tel que Jésus, le Maître, transmettra fidèlement son autorité et son pouvoir aux disciples, dans sa plénitude, afin qu’ils poursuivent, dans l’imitation et la conformité, sa mission. : « pouvoir d’expulser les esprits impurs et de guérir n’importe quelle maladie ou langueur » (Mt 10, 1-2) ; pouvoir de ne pas contraindre : « et si l’on refuse de vous accueillir et d’écouter vos paroles, sortez de cette maison en secouant la poussière de vos pieds » (Mt 10, 14) ; pouvoir de remettre les péchés (Mt 16, 19 ; 18, 18 ; Jn 20, 23).
A plusieurs reprises, cette autorité de Jésus sera contestée ; Jésus en triomphera, soit par le refus d’entrer dans le jeu de Satan, lors des trois tentations au désert (Lc 4, 1-13), soit par le silence, lors de la contestation de son autorité par les Juifs (Lc 1, 8), ainsi que devant Hérode (Lc 23, 9).
Sur les traces du Maître, les disciples connaîtront eux aussi la contestation de leur autorité : qu’ils ne se préoccupent pas alors des réponses à donner, qu’ils ne craignent pas : « ce que vous aurez à dire vous sera donné sur le moment, car ce n’est pas vous qui parlerez, mais l’Esprit de votre Père qui parlera en vous » (Mt 10, 19-20).
Père Jérémie AKA ALOFA