L’œil voit, le cerveau regarde mais le cœur contemple.

A l’écoute de l’évangile de Jean, du verset 1 à 41 du chapitre 9, l’église nous invite à méditer sur une longue controverse avec des pharisiens au sujet d’une guérison miraculeuse opérée par le Christ sur un aveugle de naissance.


En effet, Jésus redonne la pleine acuité visuelle à un jeune homme au grand dam de son entourage et de spécialistes du « droit divin » !
Mais quelle contradiction anime la condition humaine ?
Sans doute par jalousie, on reprocherait d’un côté à Dieu de faire le Bien sur notre prochain et de l’autre, on serait les premiers à accuser sa passivité dans nos propres malheurs !
Honnêtement, avons-nous évolué dans nos préjugés depuis l’Antiquité ?
A l’époque de Jésus, on pensait que les malheurs de l’homme étaient envoyés par Dieu comme une punition à leurs fautes. « Toi tu es tout entier plongé dans le péché depuis ta naissance ». Jean 9, 34
On faisait d’un Dieu Bon l’Auteur du Mal, ce qui est blasphème ! Honnêtement, avons-nous évolué dans nos préjugés depuis l’Antiquité ?
N’y aurait-il pas tapi un petit accusateur aveuglant notre cœur ?
En tout cas, s’agissant de la vue rendue au jeune homme, il semble que la situation va en aveugler plus d’un ! « Je suis venu dans le monde pour que ceux qui ne voient pas puissent voir, et que ceux qui voient deviennent aveugles ». Jean 9, 39.
Car le miracle, devenant bienfait pour le miraculé peut devenir opacité, aveuglement et suspicion pour le voisinage.
Cela renvoi alors à la question de la véritable perception : celle du cœur.
Car à quoi nos yeux nous serviraient-ils si ce n’est d’abord pour contempler notre prochain avec le regard de son Créateur ?
Comme le disait saint Exupéry :
« on ne voit bien qu’avec le cœur ».
Tout porte à croire que le jeune homme à la vue recouvrée avait un cœur prêt à recevoir de la main de Jésus, l’onction de guérison en sa personne tout entière. « Je vois et je crois Seigneur ! Et (contemplant), « Le jeune homme se prosterna devant Lui ». Jean 9, 38
Pour chacun de nous, en recourant au Sacrement de Réconciliation, demandons en ce Carême au Seigneur Jésus la guérison intérieure du cœur sans laquelle l’irrigation miraculeuse à tous nos membres et organes ne peut parvenir.
Alain, diacre