Si quelqu’un prétend avoir la foi, sans la mettre en œuvre, à quoi cela sert-il ? (Jc 2,14)

Si quelqu’un prétend avoir la foi, sans la mettre en œuvre, à quoi cela sert-il ? (Jc 2,14)
Durant toute l’année liturgique B, nous lisons dimanche après dimanche, sauf pendant
les temps liturgiques particuliers, l’évangile selon saint Marc. Cet Evangile nous conduit peu à peu à découvrir qui est la personne du Christ. En nous faisant entrevoir quelque chose de son identité, il nous propose en même temps un chemin pour découvrir nous-mêmes qui nous sommes avec Lui.
Ainsi, nous avons vu Jésus enseigner avec autorité, guérir et faire des signes, multiplier
les pains, calmer la tempête etc.

A travers tous ces signes, l’Evangile opère une sorte de
croissance dans la connaissance de la Personne de Jésus dont l’aboutissement est la question :
"Mais qui est-il, cet homme doué de pouvoirs aussi extraordinaires ? Dans ce chapitre 8 de
l’évangile selon saint Marc, nous assistons à un basculement de la révélation de la personne
de Jésus et de la manière de le suivre. En effet, à travers le dialogue entre Jésus et ses disciples,
est prononcé enfin le nom qui commençait à se dévoiler peu à peu à travers tous ces
évènements, le nom qui fut dit par Pierre : "Tu es le Messie " et, en même temps, nous
découvrons le malentendu, la méprise, la confusion que ce titre messianique peut engendrer
dans l’esprit des auditeurs et des disciples. Pour eux, parler du Messie, c’est parler d’une
manifestation victorieuse et puissante de Dieu. Or, Jésus, immédiatement après avoir accepté
cette dénomination de "Messie ", révèle qu’il ne sera précisément pas un Messie puissant et
victorieux, quelqu’un qui écrase le monde, qui écrase ses adversaires et qui assure sa victoire
par la puissance. C’est plutôt quelqu’un qui entre dans un chemin de service, d’endurance, de
passion, d’offrande de soi et finalement d’amour sans mesure ; la victoire du Christ sur le
monde, c’est la victoire de l’amour. Ce n’est pas la victoire de la puissance comme le
souhaitent ses disciples, pensée que Jésus désigne comme la tentation : "Passe derrière moi,
Satan ! Tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes ".
Ce que la foi introduit dans notre vie, c’est un élément de rupture et de fracture pour
emprunter le chemin du Christ. A quoi sert-il que nous nous disions chrétiens, si nous ne
prenons pas notre part de la croix du Christ, c’est-à-dire si nous n’entrons pas au moins un
peu dans sa démarche de serviteur, dans l’offrande qu’il fait de lui-même, dans l’abandon qu’il
vit entre les mains du Père et dans l’amour pour tous les hommes ? Le faire c’est être "Témoin
de la foi " qui ne peut se vivre sans la Croix. Ainsi, Prendre ma croix et suivre le Christ, c’est
être vraiment chrétien et être chrétien c’est ouvrir les yeux sur ma manière de vivre,
reconnaître les circonstances, les moments, les personnes, à travers lesquels le Christ
m’invite à devenir davantage serviteur de l’Evangile.
Père Jérémie AKA ALOFA